samedi 14 juillet 2012

The Man from Earth (2007)

The Man from Earth est une œuvre intéressante à plus d'un titre. Déjà, il s'agit de ce que nous pourrions appeler un succès d'internet, puisque ce film a connu le succès auprès du public français par le biais des forums et des blogs centrés sur le cinéma ; si bien qu'un éditeur français a fini par le proposer en DVD, plusieurs années après sa sortie américaine. Sans ce phénomène, qui s'explique par ses grandes qualités, jamais un tel film - avec son petit budget, ses acteurs inconnus "mais que nous avons l'impression d'avoir déjà vu quelque part", et son obscur réalisateur - n'aurait suscité l'attention d'une maison d'édition de l'Hexagone.

Le scénario a été écrit par Jerome Bixby, un romancier américain de SF et scénariste sur quelques épisodes de Star Trek et de Twilight Zone ; un passé télévisuel dont il n'a pas à rougir, puisqu'un écrivain célèbre comme Richard Matheson a lui-aussi travaillé sur Twilight Zone.

Si j'ai commencé par parler du scénariste, il ne s'agit en rien d'un hasard, puisque plus que beaucoup d'autres productions, The Man from Earth brille avant tout pour son scénario.
John Oldman est professeur d'histoire dans une université américaine. Du jour au lendemain, il décide de démissionner et de déménager, sans même en avertir ses collègues. Ceux-ci, curieux et un peu vexés, décident d'organiser un pot de départ chez lui, et d'en profiter pour lui demander des explications. Il se lance alors dans une histoire dont ils n'en croiront pas leurs oreilles : il est né il y a 14.000 ans, il ne vieillit pas, et il doit changer de vie régulièrement pour ne pas que son secret soit exposé. S'engage alors une joute entre John et ses amis, qui vont tout faire pour trouver des failles dans son récit.

The Man from Earth se présente comme un film en huis-clos, puisqu'il se déroule entièrement dans la maison de John, ou juste à l'extérieur de celle-ci. L'action se limite à une seule soirée, uniquement animée par les récits de John, confronté à des amis incrédules qui se demandent sans cesse s'il les mène en bateau - et si oui, pourquoi ? - ou s'ils sont en train d'apprendre un des plus grands secrets de l'histoire de l'humanité. Le spectateur n'est pas plus avancé qu'eux, puisque le narrateur n'a rien d'autre que sa parole pour étayer son propos.

Le seul moyen d'obtenir une réponse franche serait de trouver des incohérences dans ses paroles, qui prouveraient qu'il leur ment depuis le début. Or, les protagonistes ne sont pas n'importe qui, puisqu'ils enseignent tous à l'université - à une exception près - dans des domaines différents qui plus est : l'archéologie, l'anthropologie, la biologie,... Mais même ainsi, l'histoire de John semble trop parfaite, il a réponse à tout.
Ce qui avait commencé comme un jeu pour le groupe, un simple exercice intellectuel basé sur un concept simple - "Un homme pourrait-il avoir vécu 14.000 ans, et si oui à quoi ressemblerait-il aujourd'hui ?" - va vite se transformer en une situation malsaine, entre John qui va de plus en plus loin dans les détails incroyables sur sa vie, et des scientifiques qui n'arrivent plus du tout à démêler le vrai du faux, et qui en viennent à douter de la santé mentale de leur ami.

De par sa construction et l'intelligence de ses dialogues, The Man from Earth réussit le pari incroyable de ne jamais lasser le spectateur tandis qu'il assiste à une longue discussion entre scientifiques. Nous observons même une véritable montée de la tension, alors que nous nous interrogeons tout le film quant à l'identité réelle de John, et que nous essayons nous-aussi de déceler la vérité derrière ses paroles. Les acteurs jouent juste, le réalisateur se contente d'un style simple et posé mais qui convient à la perfection à ce récit intimiste et pourtant extraordinaire. Sans bouger (ou presque) d'un salon dépouillé, rien que par le pouvoir de l'imagination, le narrateur emmène ses amis, et avec eux les spectateurs, vers un monde et des possibilités qu'ils n'avaient jamais imaginé. 
Brillant, captivant, The Man from Earth nous prouve qu'il est inutile d'avoir un budget pharaonique et des myriades de vaisseaux spatiaux pour créer un film de science-fiction mémorable.

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